Tout est incroyable dans cette séquence : le ton juste, l’éloquence, le fond et son actualité, le silence autour d’elle, le public qui la regarde, ses interlocuteurs scotchés à ses paroles et elle finit par une touche d’humour.
— Youssef Badr (@Youss_Badr) November 29, 2020
Fatou Diomé. pic.twitter.com/QcbH64HUTJ
Une réflexion sur « Fatou Diomé »
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Vendredi 24 avril – Ce soir (ou jamais) ! Sur France 2
Fatou Diomé :
_Donc maintenant, on est dans une situation où c’est ce que vous dites, qui renforce l’extrémisme. Quand vous dites que l’immigration pose un problème, il faut aussi parler des avantages de l’immigration.
Parce que moi, quand je travaille en France je paie mes impôts ici. Donc les étrangers qui sont là, il y a une partie qui peut travailler et envoyer au pays pour aider, la majorité paie ses impôts, s’installe dans vos pays, enrichisse vos pays donc ce sont des citoyens productifs. Après il faut voir il y a une minorité qui vient, il y a des morts certes. Mais je voulais souligner une chose, le discours que vous avez est encore légitime tant que l’Afrique restera muette, et moi aujourd’hui, je voulais m’indigner pour le silence de l’union africaine. Les gens là qui meurent sur les plages – et je mesure mes mots – si c’était des blancs, la terre entière serait en train de trembler. Ce sont des noirs et des arabes, alors eux quand ils meurent ça coûte moins cher. Ici, j’étais venue en 2008 et j’avais dit : l’Union européenne avec ses flottes de guerre, avec son économie, je vous dis une chose, si on voulait attaquer nos pays ici en Occident, il y aurait des moyens de se défendre donc si on voulait sauver les gens dans l’Atlantique, dans la Méditerranée on le ferait. Parce que les moyens qu’on a mis pour Frontex, on aurait pu les utiliser pour sauver les gens. Mais on attend qu’ils meurent d’abord. C’est à croire que le laisser-mourrir est comme on nous dit, dissuasif. Et je vais vous dire une chose, ça ne dissuade personne. Parce que quelqu’un qui part et qui envisage l’éventualité d’un échec, celui là peut trouver le péril absurde et donc l’éviter, mais celui qui part pour la survie, qui considère que la vie qu’il a à perdre ne vaut rien, celui-là sa force est inouïe, parce qu’il n’a pas peur de la mort.
Frédéric Taddeï :
_C’est exactement pourquoi il faut fermer des frontières concrètement…
Fatou Diomé :
_C’est exactement pourquoi vos discours il faut sauver l’Afrique et sauver l’Europe, vous ne pourrez pas rester soudés.
Frédéric Taddeï :
_C’est la seule barrière…
Fatou Diomé :
_Monsieur, vous ne resterez pas comme des poissons rouges dans la forteresse européenne, la crise actuelle nous a démontré ça. Au jour d’aujourd’hui, l’Europe ne sera plus jamais épargnée tant qu’il y aura des conflits ailleurs dans le monde. L’Europe ne sera plus jamais opulente tant qu’il y aura des carences dans le monde. On est dans une société de la mondialisation, ou un indien gagne sa vie à Dakar, un dakarois gagne sa vie à new-york, un gabonais gagne sa vie à Paris, et que ça vous plaise ou non c’est irréversible, alors trouvons une solution collective ou bien déménagez d’Europe parce que j’ai l’intention de rester.
[Rires]